Arrêté anti-pesticide
intervention de Pascale Hameau lors du conseil communautaire du 19 octobre 2019.
Je souhaite intervenir à l’occasion du remplacement de cette chargé.e de mission environnement pour redire notre attachement à la préservation des espaces naturels et agricoles de la Carène. On nous dit que ce territoire n’est pas touché par le problème des pesticides et que son agriculture est majoritairement bio. Les propos approximatifs sont toujours sources de malentendus.
Si nous ne sommes pas concernés par une agriculture intensive ou par la présence de maraichers gros consommateurs de glyphosate, nous n’en sommes pas moins confrontés au problème des pesticides et du glyphosate. J’en veux pour preuve les 30 pisseurs volontaires dont leurs urines se sont révélées positives suite à un test en juin dernier. L’un d’eux disait alors : « Nous dénonçons la présence permanente de glyphosate dans nos organismes. Quand on fait ce type de prélèvement, on gagne à tous les coups. On trouve systématiquement du glyphosate. Avec des doses parfois vingt fois supérieures à ce qui est autorisé. Même les gens qui mangent bio sont contaminés, car ils absorbent des pesticides dans l’air, dans l’eau, dans les autres boissons » En France, la limite dans l’eau est fixée à 0,1 microgramme par litre. Au-delà, l’eau est considérée comme non potable
Nous souhaitons donc que la Carène non seulement soutiennent l’activité agricole locale mais qu’elle accompagne les exploitants dans une démarche de conversion au bio. C’est aussi ce que devrait proposer notre chambre d’agriculture : une aide à la conversion que permettrait à tous les agriculteurs d’envisager sereinement de ne plus utiliser de pesticides nocifs à leur santé comme à celle de tous. Notre modèle agricole est en crise. Les remèdes ponctuels n’ont plus d’effets si ce n’est d’obliger un nombre croissant d’agriculteurs⋅trices à remplir des dossiers d’aide pour survivre. La vente des pesticides continue d’augmenter malgré des prétendues améliorations des pratiques, avec des plans « Eco-phyto » qui se succèdent, sans résultat.
Ce modèle profite avant tout aux géants de l’agrochimie et de l’agroalimentaire, et seulement en apparence au consommateur. Il est en revanche coûteux pour le contribuable en termes d’aides publiques par ses coûts de réparation sanitaires et environnementaux et par ses destructions d’emplois. Et bien sûr ce modèle est néfaste pour les paysan⋅ne⋅s.
C’est aussi pour cela que les arrêtés municipaux anti pesticides sont utiles : ils sont un message envoyé au gouvernement pour que l’aide à la conversion de toutes nos exploitations agricoles soient enfin une politique nationale. Nous rejoignons ainsi le choix du maire et de l’équipe municipale de St-Malo de Guersac qui a signé cet arrêté : oui, le message doit être clair et affiché, le glyphosate est dangereux pour les exploitants comme pour les habitants et nous devons tous participer à sa fin.