Des caméras de vidéosurveillance inefficaces

Intervention de Fabrice Bazin sur la vidéosurveillance lors du conseil municipal du 22 décembre 2017.

Monsieur le Maire

Mesdames, Messieurs

Mes Chères Collègues.

La position des élues écologistes sur l’installation de la vidéo-surveillance dans notre commune est connue et n’est pas nouvelle. Il y a près de deux et demi, dans cette même instance, nous disions :

  • Atteintes aux libertés individuelles,

  • Absence de preuve de son efficacité et pas d’indicateurs d’efficacité

  • De nombreuses attaques de commerces ont lieu malgré la présence de caméras.

  • Les violences graves et répétées statistiquement se situent dans la sphère privée (intrafamiliale par exemple) et donc très loin des fameuses caméras.

  • Sans oublier l’effet plumeau.

Ainsi pour le début de l’année 2018 notre ville comptera près de 40 caméras, sans oublier celles présentes dans les banques, les commerces, les entreprises privées ou encore les transports en commun. Ainsi en France on estime qu’il y a à peu près 1 caméra pour 60 habitant.e.s.

Pour quels résultats ? Quelle efficacité ? Quelle diminution du sentiment d’insécurité ? Il nous faudrait une étude concrète pour le savoir.

Justement à propos d’étude, récemment une ville pas très loin de chez nous, à 130 km d’ici, a commandé un rapport et il a été rendu public il y a quelque temps. Rennes, une population de 270 000 habitant.e.s possédait 32 caméras de vidéo-surveillance publique et va en rajouter 8 autres. Peut-être pour être au même nombre que notre ville qui abrite pourtant 4 fois moins d’hommes et de femmes ?

L’étude réalisée sur la période de 2010 à 2014 portait sur 3 points : l’élucidation des enquêtes judiciaires, la prévention des actes de délinquance et la lutte contre le sentiment d’insécurité.

Sur le premier, l’étude rapporte le nombre très marginal d’affaires où la vidéosurveillance a été d’une quelconque aide. Ainsi, le recours par l’institution judiciaire aux images de vidéosurveillance est très faible : 0,10 % des faits de délinquance. Ce ratio augmente à 0,45 % des affaires traitées en centre-ville.

Sur le deuxième, la prévention des actes de délinquance, tous les acteurs rennais de la prévention interrogés s’accordent à dire que la plupart des auteurs de délits sont des personnes sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants et que les caméras n’ont aucun effet sur eux. Les violences physiques quant à elles sont liées à des pulsions sur lesquelles là encore elles jouent peu. Quant au trafic, tout comme une patrouille de police peut le faire, les caméras déplacent dans l’espace ou dans le temps le phénomène, sans le résoudre pour autant : l’effet plumeau.

Là où les caméras peuvent avoir un effet dissuasif, ce sont les espaces fermés comme les parkings, mais sûrement pas les espaces publics ouverts.

Concernant le sentiment d’insécurité, il est la conséquence de faits de délinquance constatés, d’occupation de l’espace public par le deal parfois, ou par des personnes en état d’ébriété, d’incivilité. Mais la vidéosurveillance n’apporte rien.

Alors, comment répondre à la demande de nos concitoyen.ne.s ?

Ils demandent avant tout une présence humaine. Une police municipale de proximité et une police nationale qui intervienne efficacement et en complémentarité. Comme nous l’indiquions en novembre 2015, « la fonction de la Police Municipale est de contribuer à améliorer la tranquillité publique alors que la sécurité doit être assurée par la Police Nationale et la Gendarmerie. Soyons clairs sur ce point, la mairie, par le biais de sa police municipale, doit avoir une approche de service de proximité. La police municipale ne doit pas être le supplétif de la police nationale.

A l’époque, nous étions et sommes toujours dans une démarche constructive, participative dans les débats et notamment dans la mise en place de cette police municipale : avec tous les aspects éthiques, d’organisation et de fonctionnement, dans tous les quartiers de notre ville.

En juin 2015, nous étions favorables à faire le bilan objectif sur ces nouveaux dispositifs mis en place dans notre ville, d’autant plus qu’il était indiqué dans la délibération que l’implantation des caméras sur la voie publique est une expérimentation. Deux années et demie plus tard, nous sommes toujours favorables à ce bilan réalisé par une personne extérieure.

Parce que tous les éléments nous prouvent que la vidéo-surveillance est inefficace, nous élu.e.s écologistes voteront contre cette délibération. Mais pour toutes les raisons que je viens d’évoquer dans mon propos nous voterons pour la délibération suivante. De plus, alors que la loi des finances 2018 va priver notre ville de marges de manœuvre et de capacités d’investissement, mes chères collègues, nous ne pouvons que vous proposer l’abandon de ce dispositif qui a déjà coûté à notre ville près de 200 000€.

Merci de votre attention

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