Genre et égalité femmes-hommes

Intervention de Fabrice Bazin au conseil municipal du 3 octobre 2014 :

Mr le maire

Mes chères collègues

Mesdames Messieurs

Merci, Mr le Maire de me donner la parole dans cette assemblée républicaine et paritaire. En effet je souhaite faire, ici, quelques rectificatifs concernant le contenu de la lettre de la manif pour tous qu’ont reçue les directeurs et directrices des établissements scolaires de notre ville comme tous ceux et celles de notre département.

Non le « gender », le genre en français comme on l’apprend à l’école, n’est pas une idéologie. C’est un concept, un domaine d’études scientifiques depuis une quarantaine d’années. Et dans ce courrier il est instrumentalisé et diffamé.

Non l’égalité entre les filles et les garçons ce n’est pas l’indifférenciation des sexes. L’égalité ne concerne pas les différences biologiques, mais les inégalités sociales.

Non le genre, ce n’est pas promouvoir l’éducation sexuelle, l’homosexualité. Le concept de genre s’intéresse à interroger les normes sociales, pas à enseigner des pratiques sexuelles.

Ce que « le genre » veut vraiment dire et ce que les recherches montrent :

– Les comportements ou attitudes masculins et féminins sont le résultat d’une éducation familiale et culturelle (c’est ce que montrent depuis des décennies les recherches historiques et ethnologiques : on n’est pas une femme ou un homme, une mère ou un père de la même façon selon les différentes cultures ou époques à laquelle ont vies)

– Les écarts aux normes féminines et masculines, ainsi que les écarts à la norme hétérosexuelle sont réprouvés, et trop fois violemment condamnées.

– Et surtout, le masculin est considéré, encore de nos jours, comme ayant plus de valeur que le féminin. Ce qui se traduit par des inégalités sociales et un différentiel d’estime de soi. C’est le résultat de toute une histoire où les femmes n’avaient pas encore accès aux mêmes droits que ceux des hommes, et étaient restreintes aux affaires domestiques. Ce qui n’a changé que très récemment dans les lois. Pour rappel, ce n’est que depuis 1946 qu’il est inscrit dans le 1er article de notre constitution : « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. ». Et bien qu’en 1972 « le principe de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes pour les travaux de valeur égale est retenu » aujourd’hui ce n’est toujours pas le cas dans le secteur privé avec encore 24% d’écarts de salaires entre les femmes et les hommes.

Donc, qu’est-ce que la prise en compte du genre pourrait apporter à l’école ?

– Tout d’abord, au personnel éducatif et enseignant de réfléchir à leurs attitudes, leurs représentations, leur gestion de classe pour produire de l’égalité et de la tolérance envers tous et toutes.

– Offrir aux élèves des livres, des manuels scolaires qui valorisent autant les femmes que les hommes, et qui proposent des modèles de parentalités diverses, comme il en existe en nombre aujourd’hui (familles monoparentales, homoparentales ou recomposées)

Je ne vous ferais pas la liste exhaustive de toutes les propositions pour arriver à une véritable égalité de droits et surtout de faits entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes ou encore les mères et les pères.

Je terminerais juste mon propos en vous disant oui. Oui, la théorie du genre est une pure invention de celles et ceux qui refusent de faire avancer la société vers davantage de liberté, de justice et de démocratie.

Oui, la peur de l’autre, la croyance en une théorie du complot, la manipulation et les amalgames douteux sont leurs outils.

En effet oui, soyons vigilants et vigilantes.

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