habitat participatif, habitat différent… Ici et ailleurs !

Intervention de Pascale Hameau lors du conseil municipal du 13 avril 2018

Les règles sont nécessaires mais elles évoluent et sont bousculées par des modes de vie nouveaux : on le voit par cet exemple d’habitat nouveau, l’habitat participatif, à mi-chemin entre la location et la propriété privée. Un habitat fait d’espaces communs et de jardin partagé qui se veut plus solidaire et plus respectueux de l’environnement en limitant l’espace foncier utilisé. Une nouvelle manière d’habiter qui génèrent donc de nouvelles règles, qui nous obligent à inventer une règlementation compatible avec les déclarations et la fiscalité traditionnelles et qui reste malgré tout possible !

En réponse aux crises traversées par nos sociétés contemporaines : crises climatiques et sociétales, on voit émerger partout de nouvelles façons d’habiter, de consommer, de travailler ou de cultiver la terre. Des initiatives qui se multiplient et soulèvent une vraie mobilisation : habitat participatif, épiceries solidaires ou coopératives, monnaies locales, jardins ou voitures partagées, espaces de coworking… Ces nouvelles formes nécessitent de nouvelles règlementations et doivent être accompagnées mais elles répondent toutes à la même question : comment redonner du sens à nos vies modernes et comment recréer de la solidarité ? S’agit-il d’accepter des zones dites de non droit, de refuser toute règlementation, non mais il s’agit de laisser une place à ces formes émergentes et de leur donner le temps de se construire un nouveau cadre.

Les fondements d’une société ce sont des règles de redistributions fiscales qui permettent des services pour tous et une solidarité envers les plus faibles, les plus démunis, les plus isolés. Sans impôts ni cotisations fiscales, pas d’hôpital ni de soins pour tous, pas d’indemnité chômage, pas même d’eau potable au robinet. Si nous sommes passés de la gabelle au Moyen Age, au prélèvement obligatoire, les cotisations ont pris des formes diverses et évolué dans le temps avec les mœurs. Qui aurait pu imaginer, à l’époque de nos grands ou arrière grands-parents, que la majorité des jeunes couples vivraient en union libre, qu’une grande part des ménages seraient constituées de familles recomposées, que le mariage pour tous serait autorisé ? Les marginaux d’hier sont la norme d’aujourd’hui, en France ! Dans d’autres pays, ils sont toujours l’objet de violences et de rejets.

Ce qui fait société, ce n’est donc pas la normalité, notion qui on le voit est évolutive, mais des règles de respect mutuel et de tolérance indispensables à la paix sociale. Sans elles, la différence est un risque voire un danger et laissent place au discours de la haine et de la violence. Dans son ouvrage intitulé Eloge de la différence, Albert Jacquard affirme : « Je souhaite que le lecteur retienne de la biologie cette leçon : notre richesse collective est faite de notre diversité. L’“autre”, individu ou société, nous est précieux dans la mesure où il nous est dissemblable ».

Cette différence nous bouscule parfois, elle nous dérange souvent mais je crois comme le grand généticien Albert Jacquard, qu’elle est constitutive de notre richesse et que nous devons la cultiver plutôt que la freiner. Je crois que les élus, les détenteurs du pouvoir et les législateurs, doivent donner une place et un cadre favorable à l’émergence de ces différences pour vivre ensemble dans le respect de l’autre et de notre environnement. Enfin, je crois qu’il revient à chacun de participer à la construction de ces cadres nouveaux pour une société nouvelle !

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