Les migrant.es ont toute leur place à Saint-Nazaire !
Intervention au Conseil Municipal du 23 septembre 2016
Quelle place pour les migrants à Saint-Nazaire ? Toute leur place ! Saint-Nazaire a une tradition d’accueil et de défense de tous les migrants. De nombreux combats ont été menés pour que des familles, des jeunes, des salariés des chantiers puissent vivre en France, étant en danger dans leur pays, ou souhaitant simplement s’épanouir, pouvoir vivre dans un pays démocratique, le pays des droits de l’Homme, que nous pourrions appeler aujourd’hui des droits humains.
Oui, je me souviens de plusieurs de ces situations à Saint-Nazaire :
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Fayçal Boutiba, d’Algérie, que nous avons parrainé ici même en 2014, qui a obtenu un titre de séjour étudiant alors qu’il était encore en étude au lycée Boulloche.
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Les Moussaev, du Daghistan, dont la 3e enfant est née dans notre ville, et qui a pu finalement obtenir l’asile politique, après avoir reçu une Invitation à Quitter le Territoire (ce qui est devenu ensuite l’OQTF, l’Obligation de Quitter le Territoire Français).
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Boris, Nicos et Leonidas, autre situation en tant que travailleurs européens, ces travailleurs grecs qui ont lutté pour que leurs salaires soient versés et leurs droits reconnus. L’un a connu une fin tragique. Arrivé en Grèce, Nicos est décédé, sans doute affaibli par une grève de la faim. Leonidas a obtenu un procès aux prud’hommes, grâce aussi à la solidarité ouvrière des travailleurs et des travailleuses qui savent bien, eux, que leur condition ne s’améliorera pas avec le rejet de l’autre, mais avec des droits pour toutes et tous.
Les valeurs françaises, ce sont bien celles-là : des valeurs humanistes, de tolérance, qui ont inspirées le monde entier. Des valeurs démocratiques, aussi. Liberté, Égalité, Fraternité. Marianne. Le 14 juillet. Oui, tous ces symboles sont ceux de la révolution française, une révolution pour lutter pour l’abolition des privilèges, ces droits du sang. Pour que chacun et chacune – n’oublions pas la déclaration des droits de la Femme par Olympe de Gouges, qui disait que si les femmes pouvaient monter sur l’échafaud, elles devaient pouvoir s’exprimer à la tribune – puisse vivre dans notre pays devenu une République. N’oublions pas non plus que la Révolution Française était la continuité du siècle des Lumières, qui souhaitait vaincre l’obscurantisme.
Obscurantisme qui, malheureusement, revient petit à petit sur notre territoire, mais aussi en Europe et dans le monde.
Je vous le dis de façon solennelle dans cette assemblée, nous sommes à l’aube d’une ère sombre. Et nous pouvons, nous devons nous ressaisir, nous battre contre l’obscurité, la petitesse d’esprit. Car sinon, c’est la peur qui gagnera, la misère et la guerre.
Mais l’héritage de la France, c’est aussi la résistance française. Oh, nous savons bien qu’il n’y avait pas tant que ça de Jean Moulin, et que, si tous ne criaient pas « Vive Pétain », la plupart d’entre nous étaient simplement neutres. Avons-nous appris, depuis 70 ans, depuis toutes ces années où nous commémorons la résistance française, et je pense encore à M. Gravouil, résistant nazairien qui a obtenu la légion d’honneur l’année dernière. Avons-nous appris à ne pas rester tranquille, mais à dénoncer sans cesse le racisme et les injustices faites aux migrants, aux étrangers, aux français qui n’ont pas la chance d’avoir une peau claire ?
Nous l’espèrons, et nous lutterons toujours pour que la France et les Français soient plus justes, plus tolérants envers les migrants que nous aurons la chance d’accueillir sur notre territoire. Car, nous le voyons à Grande-Synthe, l’accueil des migrants peut être une source de cohésion pour la population où un élan de solidarité bien plus que de rejet s’est exprimé parmi les habitants. Les migrants nous apporte leur richesse culturelle, et surtout la richesse humaine, celle qui nous permet d’ouvrir les bras et de partager nos valeurs françaises : Liberté, égalité, fraternité.