Quilly, projet d’ouverture d’une carrière de Gneiss, les élus EELV de la CARENE s’expriment dans l’enquête publique.
Contribution à l’Enquête Publique
Projet d’ouverture de carrière de gneiss de « Beausoleil » Commune de Quilly (44)
Groupe des Élus Europe Ecologie les Verts de la CARENE
Saint-Nazaire le 08 octobre 2013,
Monsieur le commissaire enquêteur,
En tant qu’Élus de la CARENE, Communauté d’agglomération de la région nazairienne et de son estuaire, nous souhaitons attirer votre attention sur différents points relatifs à l’enquête publique du Projet d’ouverture d’une nouvelle carrière de gneiss de « Beausoleil » sur la Commune de Quilly (44).
Le projet de carrière de gneiss au lieu-dit « Beausoleil » se trouve sur le périmètre de protection de la nappe de Campbon.
Depuis 2002, la CARENE, en charge de la compétence eau, est gestionnaire de la nappe de Campbon et se trouve donc responsable de la qualité de l’eau de cette nappe. Des mesures très strictes ont été mise en place au sein du périmètre de protection de la nappe car l’eau qui y est forée ne bénéficie que d’un traitement très léger car elle est naturellement épurée par la structure de la nappe. Celle-ci alimente non seulement l’ensemble des communes de la CARENE (60 000 abonnés et 33 industriels) mais sert aussi aux collectivités voisines. C’est la principale ressource en eau pour plus de 120 000 habitants.
Déjà en 1999, alors que le projet d’ouverture de la carrière de gneiss à Beausoleil était en débat, la ville de Saint-Nazaire, par un courrier au préfet, en date du 16 novembre 1999, avait émis de grandes réserves quant à l’ouverture de cette carrière. Les craintes étaient les suivantes :
– Risques de pollution de la nappe par la présence de produits potentiellement polluants,
– Rejets en grandes quantité d’eaux de carrières dans le milieu naturel ce qui constitue un vecteur potentiel de pollution,
– Incidences de ces pompages sur la réalimentation de la nappe,
– Remise en question de la protection de la ressource en eau pour une population évaluée à l’époque de 100 000 personnes.
A l’époque le projet n’avait pas eu l’autorisation d’ouverture. Pourquoi n’avait-il pas été autorisé et quels seraient les éléments qui l’autoriseraient aujourd’hui ?
Si nous pouvons reprendre un certain nombre de ces questions nous pouvons en préciser d’autres ou certaines complémentaires.
Principalement c’est encore la qualité de l’eau, sous la responsabilité de la CARENE, qui nous préoccupe. Les éléments fournis dans l’enquête publique prêtent à questionnement ou ne nous satisfont pas entièrement.
- L’emplacement du site : le site est défini par l’étude d’impact en périmètre éloigné. Il faut noter cependant que le site jouxte le périmètre rapproché, de ceci il faut tenir compte, les enjeux sont très proches de ceux d’un site en périmètre rapproché. Les conséquences de pollutions ne seront guère différentes en ce lieu ou dans le périmètre rapproché le plus proche.
- Les eaux d’exhaure :
- Où iront-elles au final ? Dans le ruisseau à proximité qui se trouve, lui, dans le périmètre rapproché de protection de la nappe et qui l’alimente directement? L’exploitation de la carrière rejette 1000 m3/jr, cette eau est stockée en zone tampon et rejetée dans le ruisseau de Basse-ville. Le risque d’acidification de cette eau n’est pas évalué.
- A-t-on réellement la certitude qu’elles ne seront pas acides ? Les eaux sont rendues acides par une oxydation en présence aérobie de pyrite. L’étude du cabinet (CPGF-Horizon Centre-Est P.18 ch4) suppute la présence de pyrite sans en évaluer la quantité. L’eau stockée en lagune est contrôlée une fois par semestre. Cette fréquence semble extrêmement faible et aucune procédure n’est proposée en cas d’acidification. Qu’en est-il de la présence réelle, en ce lieu, de cette pyrite ? L’eau forée de Campbon ensuite n’est pas traitée, l’absence de données précises à ce sujet au niveau de l’enquête publique n’est pas tolérable, il nous semblerait nécessaire que des analyses pétrographiques précises du site soient réalisées. Notons que dans la mare, à proximité du site, est identifié une espèce végétale typique des milieux acides : « la grande utriculaire »…Garantir la qualité de l’eau, c’est garantir que des mesures puissent être envisagée (prévues, budgétisées) en cas d’acidification de l’eau pour qu’elle reste consommable.
- Il est prévu au fond de la carrière un puisard pour recueillir les hydrocarbures des engins de chantiers. Ces hydrocarbures sont traités par un séparateur. Il n’est absolument pas précisé les modalités de suivi du bon fonctionnement du séparateur et de la bonne qualité des rejets des eaux traitées. Mal entretenu il peut avoir sur le milieu des effets plus nocifs que son absence totale. La société doit s’engager dans la durée sur des modalités fiable d’entretien et de suivi de cette installation qui devra pouvoir être contrôlée. Il en va de la garantie de la qualité de la ressource en eau pour des milliers de personnes.
- Par ailleurs les riverains du site de la carrière en projet qui nous ont interpellées sont aussi très inquiets quant à l’évolution des inondations hivernales de leurs villages déjà très importantes si on y rajoute des « eaux d’exhaure »…L’évacuation correcte de ces eaux est-elle prévue ? (état et capacité des fossés…)
3. Explosions – tirs de mines :
- Selon l’étude du BRGM de 1976 de messieurs Alix et Talbo, le fait que la nappe de Campbon soit dans une zone karstique lui donne toutes ses qualités naturelles exceptionnelles qui en font une grande ressource pour notre région mais cette structure karstique lui confère aussi une très grande fragilité. C’est une des raisons qui a conduit à l’élaboration de mesures de protection très strictes dans le périmètre de protection. Des zones d’effondrements sont déjà constatées et très surveillées. Elles sont redoutées car susceptibles de permettre une pollution très rapide de la nappe. Qu’en est-il de la fragilisation de cette structure karstique sous l’effet des tirs de mines fréquents par la réouverture de la carrière du « Betz » et enfin de celle de « Beausoleil » sollicitée par cette enquête ?
- Sous le même effet, celui des tirs de mine, les habitants des villages voisins craignent beaucoup pour leurs habitations en générales bâties sans fondations. Peut-on les rassurer avec certitudes quant à l’absence de diffusion de vibrations jusqu’à leurs habitations ? Des études complémentaires peuvent-elles être prévues pour mesurer cet impact ? L’enquête publique doit leur fournir des garanties en termes d’impact.
4. Tonnages – extraction prévues :
- Selon nos renseignements il y a à ce jour une autorisation d’extraction de 7 millions de tonnes de matériaux « tertiaires » dans un rayon de 60 KM pour une vente estimée à 3,84 millions de tonnes en 2012. Dans le dossier il n’y a pas de démonstration économique qui démontre la nécessité d’ouvrir un nouveau site pour répondre aux besoins hypothétiques de grands chantiers tels que le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, de sa desserte routière ou de la desserte LGV Nantes – Rennes. Les chiffres que nous avons trouvés à ce sujet sont estimés à 1,5 millions de tonnes pour l’aéroport et 0,25 millions de tonnes pour le barreau routier, ce qui reste possible à fournir dans le cadre des autorisations actuelles.
- Par ailleurs la tendance actuelle de la gestion des déchets et plus particulièrement l’Union National des Producteurs de Granulats préconise dans son livre blanc d’augmenter dans les années à venir la part du recyclage des matériaux de déconstruction dans une démarche visant à un plus grand respect de l’environnement et à la préservation des ressources naturelles. Des expériences telles que celles de donner une seconde vie à des gravats sont à privilégier dans ce sens (voir article d’Ouest France du 02/10/2013).
5. La Concurrence comme argument d’implantation :
- Le positionnement comme concurrent argumenté dans le dossier comme justification économique de demande d’autorisation d’exploiter est contradictoire avec la présence de 7 carriers différents que nous avons pu recenser, présents dans un rayon de 60Km.
6. Post –exploitation :
- L’autorité environnementale, dans son avis du 10 juillet 2013, disqualifie le choix d’un aménagement post-exploitation sous forme de plan d’eau. Il nous paraît nécessaire que la société Guintoli propose une alternative à la mise en eau post-exploitation sans impact sur la nappe de Campbon.
Soutenus par une logique récente du ministère de l’environnement « éviter, réduire, compenser » et parce que nous travaillons depuis longtemps à la mise en œuvre d’un développement durable, en tant qu’Élus Europe Ecologie les Verts de la CARENE nous demandons à ce que l’ensemble de ces questions puissent trouver réponses dans un document complémentaire à cette enquête. L’ouverture d’une nouvelle carrière dans un site à très fort enjeux : « protection de la ressource en eau » pour toute une région et de nombreux habitants ne peut se faire dans ces approximations.
François Billet
Président du groupe des Élus EELV de la CARENE
Pour le Groupe