CCAS de Saint Nazaire – Intervention d’Arlette MOUSSEAU
groupe des élus EELV
Conseil municipal 16 décembre 2011
Cette délibération nous invite à adopter des orientations générales qui permettront au CCAS de définir ses interventions.
Et ce, dans un contexte général où des millions d’emplois ont été perdus dans l’Union européenne depuis le début de la crise, où le chômage s’enkyste, où les revenus reculent… Et on est loin de mesurer toutes les conséquences sociales de la gestion désastreuse de la crise européenne.
Pendant ce temps pour désigner des responsables, notre gouvernement en polyphonie pointe les boucs émissaires : les assistés de tout poil, ceux qui abusent des congés maladie, les immigrés, les fraudeurs aux Assedic, aux prestations familiales….Il faut lutter contre les fraudes, mais alors que les fraudes détectées aux prestations sociales (RSA, AF) représentent 1,1% des prestations versées (674 millions d’euros), pas négligeable en effet, celle des cotisations patronales et salariales représenterait 6 à 7,5% des cotisations versées par les employeurs en 2009 (entre 15,5 et 18,7 milliards d’euros). Sans commentaire ! La fraude à l’Assurance maladie atteindrait 156,3 millions d’euros en 2010, or selon le directeur de la répression des fraudes détectées, les professionnels de la santé seraient responsables de plus des 2 tiers des fraudes. On dresse les citoyens les uns contre les autres, les valeureux et les autres, profiteurs, en oubliant au passage l’exigence de réduction des inégalités, de justice sociale par la redistribution des richesses.
Afin d’adapter et renforcer la politique sociale municipale, l’exercice pour le CCAS nécessitait d’aller voir d’un peu plus près ce que recouvrent les différentes situations, de mieux connaître les niveaux de vulnérabilité et de fragilité pour mieux adapter les réponses que celui-ci peut proposer dans ses compétences.
Le document d’orientation qui nous est joint dresse un tableau préoccupant d’une situation locale qui se dégrade sur de nombreux points. Il note ce que sont aujourd’hui de nouvelles fragilités qui touchent particulièrement les jeunes et les plus âgés aux bas niveaux de retraite, et on peut dire hélas, sans risque de se tromper, que ces situations vont perdurer, sinon s’aggraver. Et si les jeunes de moins de 25 ans ne relèvent pas directement des aides du CCAS, il nous appartient cependant d’être en veille sur l’évolution des situations pour qu’elles ne restent pas sans réponses.
On sait que la pauvreté augmente également chez les actifs et que le chômage de longue durée explose, alors que dans le même temps, les structures qui organisent les activités d’insertion par l’économique sont de moins en moins soutenues comme le souligne le document !
Nous voudrions également insister sur qqs points de ce document : notamment pour saluer les associations caritatives. Aujourd’hui reconnaissons qu’elles sont des partenaires incontournables des collectivités. Leur connaissance des bénéficiaires doit nous aider à mieux définir à quoi elles répondent et ce sur quoi nous devons porter notre attention. Je pense à des études menées en Belgique par exemple, qui montrent que pour de nombreux bénéficiaires, le besoin n’est pas seulement alimentaire, celui de socialisation est très fortement exprimé.
La brutale décision de la commission européenne de remettre en cause la solidarité alimentaire a finalement été suspendue jusqu’en 2014. Aucune alternative à la hauteur des enjeux n’est proposée. Une décision inhumaine contestée par toutes les associations, alors que sont prises des mesures d’austérité pour sauver les banques.
Ces associations doivent être valorisées et soutenues et le projet de relogement va dans ce sens.
Un autre point important est celui sur la participation des usagers à l’évaluation de l’offre et des nouveaux besoins : c’est une double exigence. La fragilité des situations impacte tous les aspects de la vie des personnes, des réalités qui peuvent nous échapper ou être mal comprises ou évaluées, associer les bénéficiaires permet d’ offrir des réponses les mieux adaptées, les plus réactives à l’évolution des situations. Et se sentir écouté, compris, c’est aussi devenir acteur potentiel de son changement de situation.
Enfin, il faut hélas rajouter un sujet préoccupant au plus haut point qui est celui de la précarité énergétique. Il vient se rajouter ces dernières années aux multiples difficultés des familles les plus pauvres et des personnes avec des bas revenus. Selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre pour le logement ce sont huit millions de personnes qui souffrent du froid parce qu’elles n’ont pas les moyens de chauffer leur logement (un ménage sur 6), entraînant des problèmes de santé que l’on ne connaissait pas jusque là, notamment pour les enfants et les personnes âgées.
La Carène mène sur ce thème une politique offensive, mais il faut s’attendre à ce que les demandes d’aide pour les factures énergétiques explosent durablement.
Ce document nous rappelle aussi ce qui est engagé, mis en œuvre, soutenu par le CCAS et c’est important de le rappeler.
Les élus EELV approuvent bien évidemment ces orientations générales et si la période des fêtes voudrait surtout nous inciter à des bons sentiments, nous avons mille fois raison de parler de solidarité sans laquelle nous ne faisons plus société.